« Le loup de Wall Street » sous morphine

Comment l’algodystrophie est arrivée dans ma vie – chapitre 2

Pour relire le chapitre 1, c’est ici.

Direction le bloc

Je me retrouve le 16 octobre au matin, dans une sublime blouse bleue de patient d’hôpital et un slip jetable assorti. J’ai la chance d’être emmenée au bloc en quelques minutes, car la panique commence progressivement à s’installer. Allongée sur le brancard, les larmes me montent aux yeux, je repense à ma dernière anesthésie générale à l’adolescence et envisage tous les pires scénarios possibles, bref je ne suis pas bien. «Je ne me suis pas fait opérée depuis 2000» dis-je maladroitement aux infirmiers qui m’accompagnent dans l’ascenseur. Une timide et ridicule justification de l’état d’anxiété dans lequel je suis alors même que je me sais bien entourée médicalement parlant.

Au bloc, les premiers effets de l’anesthésie se font ressentir et je tente de me détendre en pensant à mes vacances estivales à l’Ile d’Yeu, au soleil qui chauffe ma peau sur la plage. Après 1h30 de chirurgie et un réveil difficile me revoici dans ma chambre, le pied dans une grosse orthèse noire. La douleur étant bien trop importante, on me donne en intraveineuse de l’Acupan. Cet anti-douleur me met de suite dans un sale état : étourdissements, sueurs froides, nausées…

Suite à cet épisode plutôt glamour, c’est donc parti pour la morphine, que je prends avec précaution car rien que le mot me met mal à l’aise. Je suis chanceuse et en zappant sur la petite télé de ma chambre individuelle, je tombe sur le film de Scorsese «Le loup de Wall Street», un long-métrage au sujet en parfait adéquation avec mon état. Je suis aussi shootée que les personnages à l’écran et ce second visionnage en chambre d’hôpital m’aura d’ailleurs bien plus marqué que la première séance au cinéma.

Back home

Je rentre chez moi dès le lendemain, avec des douleurs assez insupportables et je commence à me créer cet espace dans lequel je m’attends à passer au moins 6 semaines, à savoir la méridienne de mon canapé avec des milliers de coussins pour le dos, la tête et surtout pour surélever ma cheville, et tous les objets les plus utiles à portée de main.

Anticipant une longue période de solitude et d’immobilisation, je m’étais concoctée un programme d’activités entre apprentissage du dessin, lecture, Netflix et siestes, révision du code de la route… Mais c’était sans compter une amie que je ne pensais vraiment pas aussi proche : la douleur…

De la morphine

J’ai mal, vraiment, tout le temps, à en pleurer, à n’en pas dormir. Chirurgien au bloc et donc indisponible, médecin traitant ne souhaitant pas s’impliquer, je me résous à appeler, trois jours après mon opération, SOS Médecin pour la première fois de ma vie. Le docteur arrive au plus fort d’une crise, je crois qu’il a un peu pitié de moi mais il prend le temps de connaitre toute l’histoire, d’ausculter mon pied, de me rassurer et il me prescrit Aktiskenan tout en m’expliquant bien les enjeux de cette molécule si particulière.

La morphine me soulage mais c’est tellement temporaire que je passe les dernières dizaines de minutes avant la fin des quatre heures à respecter entre chaque prise à regarder le temps s’écouler en priant que ça aille plus vite. Et je me jette sur le comprimé pile au moment venu.

J’ai toujours ce sentiment un peu bizarre de jouer avec le feu, d’être sur le fil en prenant de la morphine alors je m’engage avec moi même à suivre à la lettre les recommandations et la posologie. Entre soulagement des douleurs et peur de la dépendance.

Une semaine se passe, fin de la prescription de l’Aktiskenan mais les douleurs ne disparaissent pas, je patiente en serrant les dents. Mes fils me sont retirés, la cicatrisation avance, les jours s’égrènent mais j’ai l’impression de stagner et en aucun cas d’être en convalescence.

Je m’attendais à souffrir mais clairement pas à ce point. Les douleurs sont lancinantes, parfois comme des brûlures, ou un sentiment d’étau ou encore des décharges électriques. Je pressens que ce n’est pas normal mais le pire reste à venir…

Pour lire la suite, c’est ici.

Presque la trentaine, algodystrophiée de la cheville since 2017.
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